Ecrit par Khail

Les Old Blagues sont 23 dans les starting block, remontés comme des coucous. Au hurdle d’avant match, leur cri de guerre se fait entendre, haut et clair, dans le ciel automnal de Clichy.

OoooooOoooold Blagues !

L’engagement est à l’adversaire. La balle monte haut, redescend, la marée jaune et noire des tuniques adverses vient buter contre nos gros qui ont lestement attrapé la gonfle. Pas de doute : ça va plaquer sévère.

On conserve quelques temps de jeux, mais on finit par perdre le ballon. Ce schéma va se reproduire tout le saint match. On perdra la possession par défaut d’agressivité dans les rucks, ils la perdront car ils jouaient avec des gants de boxe. Pas grave : en ce début de match les gars cartouchent à tout va. Menés par un Cantalou aussi mort de faim qu’un abstinent sexuel dans un bar Thaïlandais. Ça plaque dur, ça se replace, ça communique. Nos lignes sont en place.

Malheureusement, on est trop pénalisés sur des hors-jeux de 3 millimètres. L’arbitre est bon, mais tatillon, mais bon. Heureusement, le botteur adverse aurait dû garder ses pieds pour monter dans le bus : il trouve de mauvaises touches que l’on se dépêche de leur chiper (6 touches volées à l’adversaire grâce à des lifteurs puissants et des sauteur agiles et dextres).

Pendant les 15 premières minutes, ça joue bien. On domine légèrement, campant dans leur moitié de terrain. Ludo fait feu de tout bois. Il plaque, il soutient, il porte le ballon et, par ses harangues, nous met dans l’avancée. A 72 ans, cela force le respect.

Notre ligne arrière, elle aussi, est bien en place ; mais leur défense cadenasse les intervalles. Ils ne sont pas bien costauds, mais quelle agressivité ! quelle envie de nos adversaires du soir !

Alors que Boubi, Bouba et Pelleteuse placent de solides charges, le RCP XV se met à la faute sur un hors-jeu assorti d’une entrée sur le côté. Antoine, une fois n’est pas coutume, trouve une touche monstrueuse. La combinaison est fluide, le ballon sort. Panzer appelle, est servi par Miaou, ggne la ligne d’avantage dans un mouchoir de poche. Les gros mettent les gazelles dans l’avancée. La charnière enchaîne. Antoine, en position de premier centre, navigue, fixe, sert Bonhomme qui se présente dans le bon tempo, casse un placage et repart. Il grille un deuxième défenseur, parcourt 15 mètres de sa course chaloupée, ralentit, hésite, cherche un soutien inter alors que le salut était à l’aile. A 5 mètres de l’en-but, l’arrière adverse le reprend, le soutien ne vient pas, l’action de grande classe avorte.

Là, l’espoir changea de camp — comme l’écrivit ce bon vieux Victor Hugo —, le combat changea d’âme. Le RCP XV se reprit en main alors que débutait pour nous un lent déclin. Reprenant peu à peu du poil de la bête, l’adversaire se mit à occuper notre camp. A nous presser alors que nous nous désorganisions de plus en plus sur le soutien. Un débordement de Matthieu Latgé, repris en fond de touche, débouche sur un ruck propre ; et sur Miaou qui décide de retomber en enfance. Une enfance peuplée de rêves de corps musclés, de paquets de bonbons achetés à la sortie du collège, et de mangas sur TMC. Il ramasse la bechigue, se met en position, et débute un kaméha-méha de quasiment 40 secondes. La balle, sûrement trop chargée de puissance, va se perdre dans le cimetière des saucisses. On perd 15 mètres. Merci, Akira Toriyama.

Le match, cependant, repart. On est toujours très bons en défense et sur les touches, mais on n’arrive pas à conserver le ballon. Heureusement, en face, ils ont l’intelligence situationnelle d’une paire de charentaises. Toujours 0-0, et largement la place pour faire un coup. Enfin, si seulement on prenait le temps…

Alors qu’on est acculés dans nos 5 mètres, un ruck enfin proprement protégé laisse le temps à Miaou de réorganiser ses troupes.

Sauf que Miaou avait décidé de laisser son sang-froid dans une zone péri-urbaine, ce soir-là. Armant son lancer, il allonge une chignole de 25 mètres, plate comme une table basse, à Antoine. Enfin, « à Antoine » : plutôt au 1er centre adverse qui n’a plus qu’à tendre les bras et tomber dans l’en-but pour aplatir.

35ème minute. 0 à 1. Mi-temps. Désillusion. Abattement.

A la reprise, et malgré un excellent pitch de Yahia, on est encore un peu sonnés. On n’est plus dans le tempo. Le soutien s’étiole comme un printemps pluvieux. Chacun tente sa petite action individuelle alors que la réponse devrait être collective. De mauvais choix défensifs en maladresses individuelles, on les laisse prendre l’ascendant psychologique. La suite est floue. On s’énerve, on se précipite. On demeure agressifs mais la fatigue se fait sentir : Boubi sort sur blessure, Jérém se fait sonner sur un contact et doit également laisser sa place. En face, ils ne sont pas en reste avec deux sorties-bobos.

Fred, qui a remplacé Miaou, tente de réorganiser tout ça. En vain. Il perd trop de temps à tenter de placer des gros complètement à l’ouest, les sorties sont lentes, le RCP XV presse. Sur une récupération, ils enchaînent même plusieurs bons temps de jeu sur la gauche avant de renverser astucieusement à droite. Aspirés par le ballon, nous avions laissé le flanc opposé dégarni, et c’est à 5 contre 3 qu’ils vont à dame.

Environs de la 55ème minute. 0-2. Clichy ne répond plus.

Les 15 minutes restantes sont à l’avenant. Plaquages. En-avants. Hors-jeux. Mêlées. Touches. Fin du match.

C’est un match que l’on devait gagner. Le hurdle de fin est un peu amer. Mais nous n’enlevons rien au RCP XV qui a été vaillant ce jeudi soir. Meilleur que nous, plus volontaire et mieux organisé. Nous concédons donc une défaite logique.

 

Les points négatifs du match :

- Désorganisation offensive,

- Recherche de l’exploit individuel,

- Manque de repères collectifs en attaque

- Précipitation.

 

Les points positifs :

- Défense,

- Touche,

- Fluidité quand on arrive à être dans le sens du jeu,

 - Solidarité.